Les numéros en italiques renvoient aux titres des documents qui seront prochainement publiés sur le site internet de Contrat social et réservés aux membres de l’association
Avec les jeux olympiques,les élections europénnes et les élections législatives, L’actualité est riche en cette fin de trimestre. Nous n’aborderons cependant pas ici ces sujets chauds. Nous nous efforcerons au contraire de prendre un peu de recul en revenant sur les sujets qui faisaient le cœur des débats avant ces événements, sujets importants et peut être fâcheusement oubliés ces jours-ci.
Nous commencerons par la situation des guerres et des conflits auxquels hélas nous commençons à nous habituer peut-être à tort !. Nous aborderons ensuite des sujets plus « domestiques », comme les tendances du féminisme, ou l’évolution des « libertés » et du système judiciaire. Nous aborderons enfin les problèmes économiques, l’Europe et l’OMC. Nous terminerons sur quelques considérations sur les rapports entre les sciences et la politique, avant un peu d’humour à propos de Donald Trump.
Les guerres en cours
Bien sûr, il faudrait parler de la Palestine. L’auteur de ces lignes n’a cependant pas trouvé ce trimestre de document digne de cette chronique sur le sujet, sauf peut être une allusion dans le Monde (24-3-1), où le correspondant à Kiev de ce journal, Stu Cvrk, fait état de la crainte, fréquente dans cette ville, selon laquelle la guerre israélo-arabe pourrait aboutir à détourner les opinions occidentales de l’Ukraine. Cette crainte est sans doute au moins partiellement fondée, mais il est permis de penser que l’Europe est sans doute moins directement intéressée par la Palestine que par l’Ukraine , où, nous dit le Dr Boyan-Radokov (24-3-2) dans the Epoch Time, « la guerre a de beaux jours devant elle ».
La chose est assez évidente dès lors que la « guerre éclair » de Poutine a échoué et que le dictateur russe refuse d’en tirer les conséquences. Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher l’intérêt de cette dernière publication. Celui-ci réside dans la sévère critique des politiques occidentales en la matière. Les dirigeants occidentaux auraient dû voir venir le problème depuis longtemps....
Et ils recommencent avec les progrès et les nouvelles ambitions de la Chine : tout le monde sait que la Chine veut reconquérir Taïwan, mais on connaît moins bien ses intentions en Asie centrale. Or, la situation dans cette région du monde est complexe, et la Chine y avance ses pions. De fait, nous dit dans The Epoch Time, (24-3-3) Stu Cyrk , un ancien militaire américain , l’Asie centrale est une chasse gardée de deux puissances locales, le Pakistan sunnite et l’Iran chiite, des entitées rivales. En Afghanistan, par exemple, chacune a apporté son soutien aux enemis de l’autre. Mais la situation évolue. Les Chinois ont assez bien réussi à s’entendre avec chacun des deux camps, arrivant à former un coalition à la fois autour de la « route de la soie » et de l’accès maritime autour du golf d’Oman. Et cela pourrait être de début de l’élargissement de l’empire chinois vers l’est.
Les diplomaties occidentales feraient donc bien de s’intéresser de près à cette évolution, susceptible de rebattre certaines cartes non seulement autour de la Chine, mais aussi du monde arabe..
Et cette idée est aussi à la base d’un livre de Jean-François Collossimo résumé par Henrik Lindell dans La Vie (24-3 -3). L’argument central est que, face à ces nouvelles menaces orientales, en même temps qu’avec la crainte qu’un quelconque Trump, assis sur la doctrine de Monroe, arrive à « lâcher » l’occident, il est important de renforcer la cohésion européenne, en particulier par le partage de la force de dissuasion nucléaire française. Il justifie ainsi l’initiative du président Macron dans ce domaine.
Le souvenir de la colonisation : de la décolonisation à l’Europe
Le souvenir de la colonisation s’inscrit évidemment dans le prolongement des réflexions précédentes, mais, aussi, peut conduire à des réflexions sur l’avenir européen… Trois documents méritent d’être mentionnés ici.
D’abord les remarques de Yves Montenay dans Contrepoint (24-3-5) sur la politique du gouvernement algérien visant à décourager les citoyens de ce pays de parler français, en se détournant vers l’arabe, et, accessoirement, vers l’anglais, vu comme la seule langue internationale véritable.
Après tout, il s’agit là d’une suite logique de l’indépendance, et du souci des dirigeants actuels de couper le plus possible de liens avec l’ancienne « métropole ». Mais on ne peut pas changer les habitudes autant ni aussi vite que la politique, de sorte que le français reste encore une langue très utilisée dans le pays. Et cela, d’autant plus que, en outre, les populations berbères et kabyles ont tendance à s’en prévaloir contre un pouvoir central quelles contestent (ce qui n’est pas nouveau : l’auteur, malheureusement, n’évoque pas l’histoire d’Abd El Kader, qui échoua dans son opposition à la conquête française à cause du manque de soutien des Berbères et des Kabyles, peu soucieux d’être inféodés aux « arabes » )… En fait, avec les migrations, les liens entre l’Algérie et la France sont loin d’être complètement coupés : peut-être, après l’ « Algérie française », aurons-nous la « France Algérienne » ?
Il n’y a pas que l’Algérie : le même type de problème se retrouve au Sahel, et même de façon plus aiguë, car la langue n’est plus seule en cause. C’est ce que nous montre un ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, dans un interview par Julien Herrero publié par The Epoch Time (24-3-6) . Contrairement aux bruits qui courent, selon ce diplomate, il y a bien longtemps que la France, dans ces pays, ne cherche plus à « avoir de l’influence au sens de la domination », mais à « éviter que cette région soit déstabilisée » et se transforme « en zone de chaos ». Il est trop visible qu’on ne prend pas ce chemin, et que l’insécurité est aujourd’hui bien plus forte au Sahel qu’elle n’était il y a quelques années…
Cette vision d’ambassadeur est sans doute juste. Mais la question est de savoir si les populations s’en rendent compte, et, dans l’affirmative, si elles sont en état de rétablir la situation. C’est évidemment plus que douteux ! Et cela signifie bien que la guerre n’a pas fini de dévaster ces malheureux pays… Mais il faut se souvenir de La Fontaine :
Attaché ? dit le Loup, vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours ; mais qu’importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte ;
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, Maître Loup s’enfuit, et court encore.
Il y a beaucoup d’enseignements à tirer de ces histoires pour la démocratie et son fonctionnement…
Et c’est encore plus vrai quand on examine le cas de la Nouvelle-Calédonie, dont nous entretient Stéphane Rozèz interrogé toujours dans The Epoch Time par le même Julien Herrero (24-3-7). Il s’agit là de la réforme du code électoral dans ce territoire : les « anciens » électeurs - essentiellement, les Kanaks - se trouvent frustrés par une tentative de réforme qui donnerait plus de poid aux « nouveaux électeurs » - essentiellement des immigrés français de souche, mais aussi certains Chinois ou habitants d’îles voisines -, ce qui est contraire aux accords passés il y a plusieurs années entre le gouvernement français et les populations traditionnelles. Ces dernières - essentiellement ‹ Kanaks » - bénéficient actuellement de droits de vote dont sont exclus les personnes nouvellement installées dans le territoire . C’est ce privilège que veut annuler un récent projet de loi. Et cette perspective engendre des désordres insensés, dont nous n’avons en Métropole qu’une idée insuffisante.
Ce n’est là qu’une « péripétie », au fond assez banale, la seule surprise venant de l’ampleur des désordres causés par l’opposition à des mesures de bon sens. Mais Stéphane Rozès lui donne une autre dimension en faisant valoir les similitudes logiques entre la situation Calédonienne et celle de la communauté européenne. De fait, une proposition de résolution adoptée en novembre au Parlement européen vise à modifier les droits des électeurs européens. Le domaine des décisions prises à la majorité qualifiée serait étendu, au détriment de celui pour lequel l’unanimité des états membres est requise, ce qui supprimerait une partie de l’actuel « droit de veto » de chaque pays membre .
Bien évidemment, cette réforme faciliterait beaucoup la prise de décision au niveau communautaire, et surtout, renforcerait le pouvoir des autorités européennes et les rendrait potentiellement plus efficaces. Mais évidemment aussi, cette façon de faire priverait sans doute de leur prérogative beaucoup d’autorités locales. Nous sommes donc typiquement dans la situation « coloniale »… C’est bien ce qui fait l’intérêt des réflexions sur ce point…
Le féminisme et les hiérarchies sociales
Changeons de sujet, pour aborder une question peut-être peu familière aux membres de Contrat social, celle du féminisme.
Le féminisme est tout de même une question qui agite beaucoup le corps social. Elle porte sur l’égalité entre les hommes et les femmes, mais pas seulement. Dans Le Monde (24-3-8) se plaint d’un « regain du masculinisme », « cette pensée réactionnaire aux origines millénaires », fréquente en particulier chez les jeunes gens, portés sur la « victimisation des hommes ». André Laramé, dans Herodote, (24-3 -10) donne des explications, fondées sur une étude statistique : Oui, les femmes surpassent les hommes dans tous les domaines de la compréhension de l’écrit, cependant qu’elles leur sont très inférieures dans d’autres domaines, tels que les mathématiques. Ce n’est pas surprenant : les hommes et les femmes n’ayant pas les mêmes chromosomes, il est tout à fait normal qu’ils soient différents, aussi bien morphologiquement qu’intellectuellement. Il est beaucoup plus discutable d’établir une hiérarchie entre ces deux populations: ce sont des êtres humains, a priori tous égaux entre eux.
Il est vrai toutefois qu’il existe des hiérarchies entre les êtres humains du fait des fonctions occupées. Si la maîtrise des mathématiques est indispensable pour gouverner, alors il est normal que cette charge soit plus souvent confiée à, des hommes, de la même manière que, aux temps préhistoriques, c’était surtout les hommes, plus musclés et plus résistants, qui courraient après le gibier.. ;
Et cela se retrouve dans d’autres domaines que le féminisme : les mathématiques sont-elles racistes ? C’est la question que se pose Coleen Harkin - une ancienne enseignante et femme politique australienne - dans The Epoch Time (24-3-9) . Ce n’est plus la question du féminisme qui est en cause ici, mais celle des origines culturelles : « Presque toutes les mathématiques aconfrontés sont d’origine européenne. Nous aimerions enrichir la discipline en y incluant des mathématiques inter-cultureluxquelles les étudiants ont été les. » Les mathématiques auraient donc besoin d’être décolonisées,une idée paraît-il fréquente dans les milieux anglo-saxons…
C’est évidemment là une énorme sottise, car il n’existe sans doute pas d’activité intellectuelle plus neutre de ce point de vue. Aussi bien, remarque notre auteur, les mathématiques sont-elles nées en Chine et surtout en Inde (la numération décimale à dix chiffres est née dans ce dernier continent, et elle a été transmise en occident pas les Arabes - d’où le nom de « chiffres arabes » donné à ces symboles) donc hors d’Europe.
En revanche, il se peut qu’un minimum de culture mathématique prédispose au « commandement », avec l’art d’envisager toutes les situations possibles (et même s’il y a eu des femmes capitaines de bateaux corsaires complèment dépourvues de culture mathématique - mais peut être eussent elles été de grandes mathématiciennes si les circonstances avaient été différentes). Et c’est là que se trouve la source du problème - en fait analogue à celui du féminisme.
Le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique
Dans un tout autre ordre d’idées, plusieurs tribunaux, tant français qu’internationaux, ont pris récemment des décisions qui méritent sans doute une mention ici.
Le premier est signalé par Marta Torre-Schaud, dans un article publié par The Conversation (24-3-11). Il s’agit d’un « avis consultatif » du Tribunal international du Droit de la Mer, saisi par divers petits états menacés par la montée du niveau marin lié au réchauffement climatique. Il juge que les états du monde (même sans accès direct à la mer !) ont « l’obligation de protéger et de préserver les océans de la planète des effets du changement climatique ». Nous ne nous étendrons pas sur le raisonnement des juges, largement détaillé dans l’ouvrage cité. Mais nous noterons la nouveauté radicale d’une telle jurisprudence, et le fait qu’elle empiète sur la souveraineté de tous les états.
Cet exemple de ce que l’on pourrait qualifier « d’ingérence » est loin d’être le seul. Toujours dans The Conversation (24-3-12), Diego Landivar, un chercheur à l’ ESC Clermont Business School signale que, en Équateur, « La rivière Vilcabamba, plaignante d’un procès, a pu faire reconnaître par la justice que ses propres droits étaient menacés par le projet de développement d’une route. ». Ici, un pas supplémentaire est franchi, avec la personnalisation de la rivière, autorisée à apparaître comme plaignante dans ce procès.
Il s’agit là, sans doute, de juges écologistes, faisant passer de telles considérations devant tout autre. Mais il y a d’autres situations : en France, Germain de Liniac, dans The Epoch Time (24-3-13) signale au moins un arrêt du Conseil constitutionnel qui rejette l’idée d’un referendum sur l’immigration, alors même que l’ « esprit des lois » voudrait sans doute que, sur une telle question, on se réfère avant tout à la volonté du peuple.
Ce ne sont là que quelques exemples. Gilles Gaetner tente d’élargir le propos dans un récent livre intitulé la guerre secrète entre les juges et la politique. recensé par Julian Herrero dans The Epoch Time (24-3-14) . Il est regrettable qu’il se concentre sur les affaires pénales dans lesquelles se trouvent impliquées des personnalités politiques, telles que François Fillon ou Nicolas Sarkozy. Il ne mentionne pas les procès de Donald Trump, pourtant analogue aux États-Unis.
Bien évidemment, il est tout à fait sain que les personnalités politiques ne soient pas au-dessus des lois, et puissent être poursuivies lorsqu’elles le méritent. Bien évidemment aussi, il est normal que les juges puissent interpréter la loi. Il semble cependant que dans certains au moins des cas précités, les juges aient dépassé leurs prérogatives, et que leurs sympathies politiques aient pris le dessus sur l’opinion populaire…
On peut donc penser que de telles questions constitutionnelles mériteraient des réflexions au sein de Contrat social…
L’économie
C’est aussi le cas de l’économie. Nous retiendrons ici deux sujet chauds ce trimestre :
D’abord, Christian Chavagneux, dans Alternatives Economiques (24-3-14) s’inquiète de la baisse de la croissance mondiale. De fait, les chiffres qu’il produit donnent froid dans le dos : selon le FMI, dans le monde, l’investissement a chuté de 40 % par rapport au niveau qu’il connaissait avant la crise financière de 2007-2008. Entre la période 2001-2007 et 2020-2023, la productivité globale des facteurs (un indice de l’efficacité du système, qui met en balance la production totale d’un côté, et l’ensemble des facteurs qui ont permis de l’obtenir de l’autre), a pratiquement été divisée par trois ! Comment expliquer un tel phénomène ? Et pourrons-nous survivre si une telle évolution se poursuit ? Voilà qui est peut-être beaucoup plus grave que le réchauffement climatique !
Si nous arrivions à diagnostiquer le problème peut-être pourrions-nous y remédier ?. Claude Sicard, dans Contrepoint, (24-3-16) livre son idée : en France, le SMIC est trop élevé.!… Cela va faire jaser ! C’est possible, mais non prouvé, et ne concerne que notre pays. Surtout, si un diagnostic était posé, serait-il possible d’y remédier ?
C’est la question posée par Daniel Dalrymple dans The Epoch Time (24-3-17) à propos de l’Argentine : dans ce pays, l’inflation est une constante du paysage depuis des années: les prix sont tous les ans multipliés par un facteur de 2 à 100, la seule inconnue étant le rythme du phénomène. Or le président Argentin élu l’hiver dernier, Javier Milei, a décidé que cela cesserait, et que la monnaie locale (elle a souvent changé de nom, peso, ou austral, ou autre) serait reliée au dollar par un taux de change fixe.
Jusqu’ici, Milei a obtenu quelques succès : l’inflation a été ralentie, le budget est excédentaire… mais cela durera-t-il ? La plupart des observateurs sont sceptiques… et cela illustre la difficulté des réformes.. Il en serait sans doute de même en France si l’on voulait remédier au niveau trop élevé du SMIC, comme le voudrait Claude Sicard.
Aussi bien, peut-on attribuer les phénomènes qui viennent d’être évoqués à des mécanismes très profonds, du genre de ceux évoqués par l économiste danoise Ester Boserup, qui envisage pour l’économie mondiale au fil des siècles une suite d’âges d’or et de catastrophes … mais c’est là un domaine qui dépasse un peu les réflexions de Contrat social.
Les sciences
Bien sûr, il ne sera pas ici question des avancées scientifiques récentes, mais plutôt du phénomène (déjà évoqué dans des éditions précédentes de cette chronique) du si fréquent mauvais usage de notions dites scientifiques.
C’est le cas, nous dit Iris Viloux (une doctorante pleine d’avenir !) dans The Conversation (24-3-17) du mot « urgence climatique ». Celui-ci apparaît dans les années 1990 dans la bouche de quelques personnalités isolées, surtout pour justifier des programmes de recherche. Puis, il se « démocratise » et devient une référence obligatoire de tout discours sur le climat. Il devient enfin un « marqueur écologique », justifiant à peu près n’importe quelle action…
L’exposé est assez ironique, et mérite d’être lu… Il illustre en tous cas le rôle politique de quelques mots-valises qui, en réalité, obèrent gravement la compréhension des véritables questions scientifiques par le public. . Et, dans le cas du climat, cela donne « une génération perdue dans l’anxiété climatique » , comme le titre The Epoch Time (24-3-18) qui rend compte d’un ouvrage de Ted Nordhaus, un climatologue réputé, se plaignant de ce que « l’anxiété climatique », par ses exagérations, est en train d’engendrer une opinion climatosceptique qui refusera toute politique effectivement utile.....
Et ce qui est vrai pour le climat l’est aussi dans d’autres domaines : Le Point (24-3-19) publie un interview de Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de la revue Sciences et pseudosciences assez inquiétantes de ce point de vue : l’esprit scientifique est à reconquérir nous dit il dans cet essai assez profond sur les rapports entre science, opinion et politique. Sans chercher à la résumer ici (nous renvoyons au site Internet de Contrat social ),disons seulement qu’il insiste sur le rôle que joue l’esprit critique dans toute information scientifique… Or, l’école (encore elle !) ne développe pas l’esprit critique, et c’est sans doute là son principal défaut…
Et que dire de l’intelligence artificielle ? Il est bien clair que l’esprit critique devra être beaucoup sollicité pour en interpréter les résultats. Cependant les publications repérées sur le sujet ne se posent guère de questions sur la validité de ses préconisations… On s’intéresse plutôt sur les conséquences de cet instrument sur l’emploi, ce qui est sans doute assez secondaire : dans Les Echos (24-3-21) Fleur Bouron s’inquiète de voir l’IA remplacer les juniors, parce que ceux-ci sont habituellement les auteurs des notes de travail ou des comptes rendus de réunion, et que cela pourra être fait par l’intelligence artificielle…C’est possible, en effet, mais ces jeunes gens trouveront sans doute d’autres occasion d’utiliser leurs talents. En vérité, l’IA augmentera leur productivité, et sans doute leur permettra-t-elle d’utiliser leurs compétence en améliorant leur productivité...
Et cela, d’autant plus qu’il faudra beaucoup de petites mains pour alimenter l’IA : c’est ce contre quoi s’insurge Luc Chagnon dans une publication de France Info (24-03-20). Il y dénonce l’emploi massif de citoyens du tiers monde francophone pour alimenter l’IA, et mettre en langage français simple les résultats de recherche des robots « intelligents »..(il doit exister la même chose pour les anglophones…). De fait, certaines sources indiquent en effet le recrutement de nombreux Malgaches francophones à Antanarivo… Exploitation éhontée d’une main d’oeuvre servile ou veritable progrès pour tout le monde ?
Et s’il était possible de mettre un grain d’intelligence dans la tête des « chatbots » que l’on trouve maintenant partout quand on pose la moindre question sur Internet ? ce ne serait peut-être pas plus mal, et économiserait sans doute des heures d’angoisse à de nombreux utilisateurs d’Internet…
Trump
Pour terminer, jetons un coup, d’œil sur les élections, non françaises, trop proches de la publication de cette chronique, mais américaines, avec la crainte de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump l’an prochain ...
Le moins qu’on puisse dire est que la presse française ne lui est pas favorable. Dans le Huffpost (24-3-21) , Claire Tervé décrit le programme « frigorifiant » de ce candidat : prohibition de l’avortement (avec surveillance des femmes enceintes !), expulsion des sans-papiers, vengeance contre Biden (on lui fera des procès, comme Biden l’a fait à Trump) , et quelques autres mesures de la même eau.
Dans Le Monde (24-3-22), Gille Paris s’en prend au programme diplomatique du candidat : retour à une version musclée de la doctrine de Monroe, isolationnisme, réduction des budgets militaires… Les Européens n’ont qu’à bien se tenir ;..
En fait - Claire Tervé le reconnaît - il y a un peu d’exagération dans ce tableau : Trump est plus subtil qu’on le croit. Il cherche à se faire passer pour un fou, mais ne l’est pas tant que cela… En particulier, ses gesticulations diplomatiques ont surtout pour but d’éviter que les Européens ne comptent trop sur le soutien américain pour repousser les Russes… « Aide-toi, le ciel t’aidera » pourrait bien être in fine la clé des rodomontades Trumpiennes…
Et, finalement, c’est peut être dans le document de Jean-Eric Branaa dans Atlantico (23-3-23) qu’il faudrait rechercher le fin mot de l’histoire : Branaa se réfère à des sondages auprès du public américain dans lesquels on cherche à analyser le souvenir que gardent les électeurs du premier mandat de Trump… et ce souvenir est plutôt favorable : « Trump est considéré comme quelqu'un en qui les Américains ont confiance pour redresser le pays, pour conduire la nation, en ayant d'ailleurs un ressenti global plutôt négatif sur ce que fait Joe Biden actuellement, même si les faits leur donnent tort». Voilà qui, évidemment, pourrait être décisif lors du vote cet automne…
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Nous n’irons pas plus loin ce trimestre…
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