Chronique Sociétale 4-2024


Les numéros en italiques renvoient aux titres des documents qui seront prochainement publiés sur le site internet de Contrat social et réservés aux membres de l’association


Les jeux Olympiques terminés, les guerres suivant leurs cours sans événement marquants, l’actualité ronronne ce trimestre. Il y a tout de même les élections, terminées en France de façon insolites, et qui le seront bientôt aux USA, sans que l’on sache vraiment quelles seront leurs conséquences. Aussi, après quelques mots sur ces sujets chauds, nous continuerons avec quelques réflexions philosophiques, puis quelques mots sur l’école (encore !), et surtout des considérations assez longues sur l’écologie (qui excite toujours beaucoup nos compatriotes). Nous terminerons enfin sur quelques considérations post-coloniales.

Mais auparavant, il faut mentionner quelques nouveautés sur les retraites, un sujet qui a longtemps été au cœur des préoccupations de contrat social.

De fait, Antoine Delarue, notre président, a eu récemment l’occasion de rencontrer une personnalité de l’AIRE – une association fondée par divers économistes français et non des moindres – qui s’intéresse aux modalités possibles de redistributions des revenus dans un système libéral. Cette personne s’est dit fort intéressée par le projet de Contrat Social, et par notre site web. Une collaboration est donc possible et pourrait relancer nos activités sur les retraites. C’est après tout une excellente nouvelle !

Une autre anecdote récente sur les retraites est plus directement politique : Comme le montre Marceau Tabouret dans le Huffpost (11_4_24), le Front National, profitant du moment où (comme tous les autres partis à tour de rôle) il avait la main sur l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale, y a inscrit un débat sur l’abrogation de la loi qui retarde l’âge légal de départ à la retraite. Cette dernière loi avait été votée au forceps à la fin de la précédente législature, en dépit de l’opposition de la gauche. En se faisant le héraut de la remise en cause d’une « loi injuste », le Front National, d’un côté, « piège » la gauche en la forçant à voter avec lui, et de l’autre, embarrasse le gouvernement, qui voyait dans cette législation un moyen de contribuer à la résorption du déficit public. C’est un « coup » magnifique… Hélas, il n’est pas sûr qu’un tel calcul soit favorable au « bien commun »….

Les guerres en cours

Dans cette revue de l’actualité, il est évidemment impossible de ne pas évoquer les évènements d’Ukraine et d’Israël. En même temps, l’auteur de cette chronique n’a pas vraiment trouvé aucun document original que ces questions, sinon ceux qui déplorent la sottise des uns et des autres… un sujet hélas sans limites, mais sans originalité ! C’est pourquoi nous passerons à d’autres sujets… Signalons toute fois l’article de Marie Jego et Faustine Vincent dans Le Monde (18_4_24) qui pointe tout de même quelques innovations dans la stratégie ukrainienne.


La politique de la France


Evidemment, la dissolution surprise de la chambre des députés française est un évènement que nous ne pouvons passer sous silence ici. Nous ne nous attacherons pas à l’évènement lui-même. Mais quatre contributions éclairent un peu les choses de l’intérieur.

D’abord, il faut signaler dans Ouest France (22_4_24) un compte rendu du livre de Brice Soccol et Fréderic Dabi : Parlons-nous tous la même langue ? Il s’agit en réalité d’une sorte de résumé approfondi des sondages IFOP plus ou moins récents qui montrent à la fois quelles sont les préoccupations des Français et comment elles évoluent …

Selon les auteurs, le sentiment le plus rassembleur, celui qui est partagé par le plus grand nombre, est celui du déclin, qui prend corps en particulier dans deux domaines spécifiques : l’hôpital et l’éducation. En outre, il existe un décalage patent entre les « politiques », qui bataillent férocement sur des sujets qui intéressent peu les citoyens, tandis que ces derniers voudraient des réformes consensuelles sur les sujets précédents.

Le nouveau premier ministre saura-t-il répondre à cette attente ? C’est bien là l’inconnue majeure des prochains mois.

Dans Le Figaro ( 20_4_24) Pierre Vermeren, interrogé par Fabien Clairefond tire les leçons de cette dissolution et des élections qui s’en sont suivies. Il interprète ce résultat d’abord comme un simple retour du cycle de 40 ans qui s’était manifesté en 1981 lors de l’élection de François Mitterrand. Il s’agit donc du renversement du mouvement de réforme porté par les « baby-boomers ». Mais ce renversement ne s’est pas fait sans avertissement ; comme le montre le mouvement des « gilets jaunes ». Par ailleurs le déclin du catholicisme et le fait que les « élites » ne se rendent plus compte de la réalité quotidienne ont joué aussi leur rôle dans ce renversement. Tout ceci est en effet un bon résumé de la situation.

Et ce résultat n’est pas sans conséquences sur l’évolution du pays dans l’avenir. Toujours dans le Figaro, Loris Chavanette (14_4_24) apporte un éclairage complémentaire du précédent avec l’idée que l’absence de base sociale au monde politique est susceptible de conduire à une situation révolutionnaire aux résultats imprédictibles. Il plaide cependant pour le maintien d’un minimum de parlementarisme, seul garant d’un minimum de démocratie. Et dans Le Monde (19_4_24), le constitutionaliste Dominique Rousseau affirme -preuve à l’appui – que, contrairement à beaucoup d’idées reçues, la constitution Française de 1958 voulue par le Général de Gaulle et Michel Debré est bien dans l’esprit du constitutionalisme : le président n’est pas tout puissant, loin s’en faut, et se doit de choisir le premier ministre dans une majorité parlementaire, qu’elle soit sortie des urnes ou négociée par la suite.

Cela dit, il est vrai aussi que la situation actuelle où en vérité, du fait des calculs personnels de personnalités douteuses, aucune majorité stable ne semble pouvoir émerger n’est sans doute pas l’idéal. Elle est loin, en tous cas, de celle rêvée par le général de Gaulle !

Et ce rappel du passé lointain nous projette dans l’avenir tout aussi lointain avec l’évolution de l’école


L’école


Elle va mal, on le sait, et tout le monde est à la recherche d’idées sur la question, ce qui pourrait constituer un sujet pour Contrat Social. On citera ici quatre contributions parues dans divers périodiques.

D’abord, dans le Monde (7_4_24) , Ludivine Bantigny interrogée par Séverin Graveleau s’interroge sur les raisons qui font qu’une génération a toujours tendance à considérer les jeunes de la génération comme de petits sauvages à civiliser. Cette idée est vieille comme le monde, et Mme Bantigny le montre en citant un passage de Socrate où cette idée est exprimée de façon étonnement moderne. Et elle s’attache à montrer que tous ces préjugés « anti jeunes » n’ont aucune justification propre à notre époque. Il ne faut donc pas accuser les errements de l’Education Nationale d’être à l’origine du phénomène.

Cela dit, que le problème ne soit pas nouveau ne l’empêche pas de se poser. Peut-on imaginer des solutions miracles pour au moins atténuer cette difficulté vieille comme le monde ?

C’est de façon inattendue dans une publication de Contribuables associés (9_4_24) que l’on trouve le point de vue sur la question d’une enseignante expérimentée, Lisa Kamen Hirsig. Elle est fondamentalement sceptique, tant sur les « programmes » que sur les classements internationaux et beaucoup d’autres choses. Elle insiste par contre sur la décentralisation, et la capacité d’adaptation des enseignants aux élèves. Pour cette raison, elle critique très fort la bureaucratie de l’éducation nationale qui absorbe un personnel abondant, et qui serait mieux utilisé dans les classes. Elle insiste sur sa pratique de « ne jamais utiliser le « programme »…

Dans The Conversation (26_4_24), Benedicte Girault, une historienne, en rajoute encore en racontant comment les « énarques » ont pris le contrôle de l’Education Nationale depuis le Libération. Il n’est pas sûr, au demeurant, qu’elle parle vraiment des énarques, qui, après tout ne sont pas si nombreux. Mais il est sûr que les rivalités personnelles, et les comportements de petits chefs ont joué un rôle important dans la dégradation du système éducatif français, ce qui explique les désillusions évoquées par Mme Kamen Hirsig.

Et c’est également dans The Conversation (27_4_24 ) que Sébastien Akira Alix prend en quelques sorte le contrepied des articles précédents, trop alarmistes à son grés : Oui, peut-être, l’enseignement est en crise, mais c’est la cas depuis deux siècles ! Et à l’appui de ce diagnostic, il cite en particulier Emile Durkheim, qui se plaignait déjà de la démission et du manque d’autorité des parents…


L’économie


Or il est, sinon certain, du moins hautement probable que la qualité de l’école n’est pas sans influence sur l’économie lors de la génération suivante. De fait, une école bien faite devrait conduire les êtres humains à une philosophie qui les rendrait plus efficaces et plus productifs, en se trouvant « heureux » au travail. C’est là le sujet d’un intéressant article de Jerôme Latta dans Alternatives Economiques (24_4_24) qui se pose justement la question du « bien-être au travail » à la lumière des travaux d’un « observatoire du bien-être », filiale du CEPREMAP .

Assez paradoxalement, par rapport aux pessimisme précédent, les gens « plus heureux au travail » sont en grande partie dans l’enseignement et la santé, en dépit de revenus souvent inférieurs à ceux d’autres professions de même niveau intellectuel. C’est que ces gens-là sont conscients du « sens » de leur travail, à la différence des « ouvriers », souvent les moins heureux. Or il est aussi hautement probable que le « bonheur au travail » a des chances d’accroitre la productivité.

Cependant, et de façon plus classique, la dette publique continue d’augmenter en France. Cela constitue t il un handicap pour l’investissement des entreprises ? Azizion Asimov, dans The Conversation (25_4_24) résume un intéressant travail de recherche assez approfondi sur la question. En fait, semble-t-il, cette crainte semble infondée dans la plupart des situations…

Enfin, toujours en rapport avec l’économie, mais dans un nouveau registre, c’est à propos d’une innovation majeure que Kevin Stocklin, dans The Epoch Time (30_4_24) nous entretient de la fusion nucléaire. La fusion nucléaire, on le sait, est susceptible de produire d’énormes quantités d’énergie électriques, à partir de l’hydrogène contenu dans l’eau, et sans émettre de gaz à effet de serre. Sa mise au point à un coût raisonnable ouvrirait donc la voie à une nouvelle révolution industrielle, cette fois peu polluante, et sans risque d’épuisement de la ressource. Or un tel évènement selon l’auteur serait imminent… Souhaitons qu’il ait raison !

Cela dit, les innovations, si elles sont en général bénéfiques, peuvent aussi entrainer des dangers. L’histoire de la « panne informatique mondiale » rapportée par Elodie Messeant dans Contrepoint (5_4_24) mérite un commentaire : Vendredi 19 juillet 2024, tous les ordinateurs Windows utilisant un anti-virus proposé par la firme Crowstrike, un logiciel fréquemment utilisé par les entreprises, ont été arrêtés par suite d’une erreur de programmation. Il s’en est suivi une suite incroyable d’actions juridiques, Microsoft étant accusé d’abus de position dominante, et poursuivi pour les dommages causés. En réalité, la bévue venait de Crowstrike, et, de toute façon, il est difficile de dire que Microsoft dispose d’une « position dominante ». Par ailleurs, le problème a été résolu en quelques jours. Il n’en demeure pas moins qu’une telle panne mondiale dans un secteur devenu aussi central pour l’économie représente un véritable désastre, même s’il a été passé sous silence par la presse. Et le fait que de tels désastres puissent se produire devrait sans doute faire l’objet de plus de réflexions que celles auxquelles cet incident a donné lieu…


L’écologie


L’« écologie », justement, et ses préoccupations sur les pollutions de toutes sortes, part de cette idée que le monde est dangereux, surtout lorsque la Nature est en cause. A l’origine, c’était une science assez abstraite et sans application pratique. Mais il est vite apparu qu’elle était susceptible de suggérer des précautions dans les innovations auxquelles le vulgum pecus n’aurait pas songé. Dès lors, comme un cavalier maladroit qui retombe de l’autre côté du cheval, l’écologie est devenue l’un des obstacles majeurs au développement industriel tel que nous le connaissons. Entre les mains de pseudo-scientifiques sans scrupules, sortant complètement de ses préoccupations d’origine, elle est devenue une arme intellectuelle pour la conquête du pouvoir, en imposant des précautions extravagantes dans beaucoup de domaines, allant même jusqu’à créer des théories juridiques pour faciliter ses actions et rendre effectives ses recommandations.

Ainsi l’AFD (Agence française pour le développement), à l’origine une sorte de banque mondiale française, publie-t- elle un plaidoyer (4-4-2024) pour instituer un « droit de la Nature » sur le modèle des droits de l’homme, citant pour cela diverses initiatives juridiques telle que celles de la Colombie, qui a déclaré le fleuve Atrato « sujet de droit », l’autorisant ainsi à se défendre devant un tribunal (On se demande comment il fera pour signer les pièces nécessaires !), sur la base de traditions Quetchuas….

Naturellement, tout le monde a le droit de vivre dans un environnement sain, et c’est même le devoir des autorités de le garantir. Personne ne nie cela. De là à créer une personnalité juridique à des « choses », il, y a tout de même un pas qui pourrait mériter des débats à Contrat Social.

Et cela d’autant plus qu’un autre débat se greffe sur celui-ci : Vue par les écologistes politiques, la nature est quelque chose d’immanent, éternel, qui ne change jamais que sous la botte des hommes. Or s’il est une leçon de la science écologique, c’est que les « équilibres naturels » changent tout le temps, et ne sont jamais à tous moments que des déséquilibres…

Et pourtant, miser sur la « crainte du changement » est une façon efficace d’attirer l’attention. En s’appuyant sur Philippe Ciais et quelques autres, c’est ce que montre Audrey Garric dans Le Monde (15-4-24) : « les puits de carbone terrestres se sont effondrés en 2023 ». Voilà une nouvelle à faire frémir ! Elle fera bien vendre encore quelques exemplaires en plus ! En réalité, les puits de carbone terrestres ne sont pas grand-chose dans le « bilan carbone » de la planète. Certes, le bois des forêts et des autres végétaux représente un stock de carbone non négligeable. Mais ce stock est en évolution constante, car le bois, qu’il brûle ou qu’il pourrisse, finit toujours par émettre du CO2….

Le vrai puit de carbone sur la terre est constitué par les océans, et le vrai stock important de carbone se trouve dans les massifs calcaires… Quelques incendies de forêts comme ceux que nous aurons connus (et montés en épingle, car les incendies de forêt ne sont en rien des choses nouvelles !) ne changent pas grand-chose à tout cela…

Il est vrai aussi que l’on peut attirer l’attention avec la méthode inverse : c’est ce que montre Philipe Carbon dans un billet de l’IREF (12_4-24) qui cite les propos de Mathieu Kassowitz sur France Inter : « la pollution n’existe pas » car si elle est « le résultat de l’activité humaine », celle-ci ne se fait qu’avec « les outils de la Terre ». Evidemment, une telle affirmation a entrainé un flot de protestation de la part des auditeurs (ce qui après tout était sans doute l’objectif de l’intéressé), et même des actions judiciaires (qui montrent que la liberté d’expression est tout relative dans notre pays). Le raisonnement de Kassowitz était pourtant imparable : Certes, la pollution est le fait des activités humaines, mais celles-ci utilisent des éléments naturels (par exemple le plastique vient du pétrole) et par conséquent se trouvent être elles-mêmes naturelles. …

Enfin, au-delà de ces « coups » médiatiques, signalons une affaire qui pourrait avoir beaucoup de conséquences dans notre pays : la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette), votée en Aout 2021, qui fait l’objet d’un article de Caroline Vinet dans La Vie catholique (32_4_24) , évoque le mécontentement des élus locaux vis-à-vis de cette obligation à « compenser » toute atteinte à une surface « naturelle » par la recréation d’une nouvelle surface naturelle à partir d’une surface « artificielle » prise ailleurs. Fort heureusement, il y a des délais pour que cette obligation soit effective, ce qui ne devrait être complètement le cas que vers 2050. Mais d’ores et déjà, et du fait qu’il faut bien prévoir, les protestations fusent, en particulier de la part des élus locaux. En vérité, indépendamment de la perte de taxes foncières qui sont l’objet des protestations les plus vives en ce moment, il semble bien évident qu’une telle législation sera inapplicable. Il faudra renoncer à toute extension du réseau routier, et, en vérité, à toute construction nouvelle. Il est difficile d’imaginer comment des députés ont pu voter un tel texte…


Les souvenirs de la colonisation


Dans un tout autre domaine, il faut encore évoquer ici deux documents intéressants par leur originalité.

Le premier, publié par Jade Toussay dans le Huffpost (12_4_24) concerne les cérémonies de commémoration du débarquement des alliés en Provence le 15 Aout 1944. Ces cérémonies ont été boycottées par le gouvernement Algérien, pourtant invité plutôt deux fois qu’une, du fait de la forte participation de musulmans algériens à cette opération. Une banale manifestation post coloniale, le gouvernement algérien refusant de se commettre avec les ex-colonisateurs ? Il n’en est rien !

Le cœur du problème n’est plus colonial, mais tout à fait contemporain : Il s’agit du Sahara occidental (l’ex « Rio de Oro », une ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc, où du reste, il n’y a jamais eu ni de fleuve ni d’or !), dont les habitants, soutenus par les Algériens, ont réclamé l’indépendance. Et pourtant, les Marocains, jadis, n’avaient pas ménagé leur soutien au FLN Algérien ! Ce sont là les suites ubuesques de la décolonisation…

En vérité, il pourrait y avoir encore plus profond. La France, en Afrique, c’est fini proclament toutes sorte de gens. Il y a donc une place à prendre. Et le jeu qui s’enclenche mérite tout de même un peu d’attention. C’est ce qu’affirment Frédéric Robin et Benjamin Quénelle dans Le Monde (16_4_24). Il détaille les manœuvres de Moscou pour évincer les « colonialistes » français de l’Afrique francophone, et les remplacer par des Russes. L’éviction de Evgueni Prigogine, à l’origine de ces manœuvres n’a rien changé de ce point de vue, au contraire. Et la guerre en Ukraine a plutôt favorisé la détermination des Russes.

De fait, les Russes ont apporté en Afrique une aide essentielle aux divers officiers putschistes dont ils confortent le pouvoir avec une aide militaire à la fois plus complète et plus discrète que ne l’était l’aide Française. Par ailleurs, ils capitalisent sur le souvenir de l’aide qu’ils avaient fournie aux indépendances. Enfin, apparemment, ils favorisent l’émigration vers l’Europe, avec l’aide de leurs amis en Lybie et en Tunisie…Tout ceci explique leurs succès récents. Reste qu’il n’est pas si sûr que l’opinion publique africaine en se retourne pas contre eux : Le « c’était mieux du temps des Français » est une évolution possible…

Reste que « les Français » n’ont peut-être ni les moyens ni le désir d’intervenir encore dans la pétaudière Africaine… Une solution serait peut-être le Maroc : les cadres de ce pays sont tout à fait enthousiastes pour remplacer les Français en Afrique au sud du Sahara, trouvent que les Algériens sont bien trop stupides pour cela, ignorent la Tunisie, et sont prêts à « y aller », comme l’auteur de ces lignes a pu le constater lors d’une réunion récente dans le cadre du salon de l’agriculture de Meknès … Il se pourrait bien que l’incident diplomatique rapporté plus haut trouve son origine dans ce mouvement de l’opinion Marocaine….


La philosophie et ses applications


Au-delà de ces questions « politique » au mauvais sens du terme, tournons-nous maintenant vers l’essence de la philosophie ? C’est à quoi nous invite Damien Tellier , un professeur de philosophie, dans un assez long article de Contrepoint (8_4_2024) . En vérité, l’objet profond de cet article, publié en 2012 et republié aujourd’hui, était à l’origine de réfléchir à l’enseignement de la philosophie : poussiéreux depuis 1850 jusqu’aux années 60, avec une optique trop dogmatique, il a évolué récemment pour se fondre dans l’actualité, au point de trop souvent virer au militantisme. Or, bien sûr, aucune de ces deux options n’est correcte : la philosophie sert d’abord à apprendre à vivre, et ensuite, à connaitre la Vérité, ce qui devrait conduire à un enseignement basé sur l’histoire des idées et sur la façon de les appliquer aujourd’hui. Ajoutons ici que tout ceci ne concerne pas seulement l’enseignement, mais la vie de tous les jours… et c’est pourquoi il est fait mention ici de ce document du plus haut intérêt.

A côté de cet article théorique, il nous faut sous cette rubrique mentionner deux contributions plus terre à terre mais néanmoins intéressantes :

D’abord, une amusante interview de l’académicienne Chantal Delsol qui cherche à définir le libéralisme : un terme polysémique, qui a tant trainé dans la poussière qu’il est devenu presque méconnaissable….

Ensuite, une contribution de Serge Schweitzer, qui, dans Contrepoint (6_4_24) , qui se pose la même question. . Le libéralisme, dit-il, c’est une philosophie, avec deux faces : D’un côté, une « esthétique de la liberté » qui vise à l’accomplissement de soi-même. De l’autre les moyens d’obtenir cette liberté. Le plaidoyer est talentueux, et mérite considération.

En pratique, cependant, dans le monde économique, même si le maximum de libéralisme est sûrement souhaitable, on peut tout de même parfois s’interroger sur son efficacité : par exemple, l’auteur de ces lignes s’est souvent intéressé à la libéralisation des marchés agricoles. Elle provoque de telles fluctuations de prix que tous les bénéfices que l’on pouvait en attendre se trouvent bientôt absorbés par les précautions prises par les producteurs pour s’en protéger….

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Nous n’irons pas plus loin ce trimestre…



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